Apprends la guitare avec Anoun
par Anoun
Cours n°4 : accorder sa guitare
Bon, à présent ta gratte est branchée, l’ampli aussi, tout marche comme il faut, enfin, ça fait indubitablement du bruit quand tu gratouilles la caisse, bref : tu es presque prêt à commencer à te faire vraiment plaisir avec ton instrument ! Seulement, il reste un petit détail à régler, et non des moindres : ce son pas très agréable qui est produit en grattant, alors que damned, c’est bien un vrai accord que tu plaques sur ce putain de manche ! Il s’agit donc d’aborder cet aspect sensible de l’apprivoisement de ta guitare, le terrible accordage, ce meilleur ennemi du punk rocker…
Accorder sa gratte est paraît-il ultra important pour bien s’en servir, et d’aucuns pourraient te sortir le douteux adage : « pas d’accordage, pas de grattage ! » Mouais… Alors ça c’est sûrement être un peu rigoriste je trouve, surtout si l’on parle de couilles et non de guitare, mais bon… (oui, parfaitement, on peut très bien se gratter les couilles sans les accorder, et fort heureusement d’ailleurs…)
L’accordage de la guitare consiste essentiellement à tenter de tourner les bitogneaux se situant à l’extrémité du manche. Ceux-ci permettent de faire changer le son d’une corde, et d’obtenir si tout va bien la bonne note adéquate à la production d’accords mélodieux (ou pas d’ailleurs). Donc chaque corde est directement reliée à l’un de ces bitogneaux, et l’idée est de faire en sorte de trouver la combinaison optimale de « tournage » de ces derniers, pour que les cordes indépendamment soient en mesure de produire ensemble des notes et accords qualifiés de « justes ».
Alors c’est sûr qu’expliquée comme ça, l’entreprise semble particulièrement floue et délicate, et force est de constater qu’en effet… On a beau se faire chier à manipuler consciencieusement et tout en finesse ces salopiauds de boutons de mécaniques, il y a toujours au moins une corde qui fait sa maligne et vient rompre la quête de l’harmonie… Et comme un corollaire de la loi de Murphy (qui dans le domaine du rock a certainement trouvé ses principales applications avec les punks…), tu peux être sûr qui si tu crois enfin être accordé, que ça à l’air de sonner juste quoi, et bien la gratte de ton pote le sera au mieux avec un demi-ton au-dessus ou en dessous, ou sinon tout simplement encore plus mal accordée, ou pas du tout.
Les solutions pour se sortir de ce traquenard de l’accordage ne sont pas légions, mais on peut bien en dégoter quelques-unes. Ainsi il est toujours possible de se munir d’un accordeur, par exemple ceux où il faut mettre la lumière au milieu d’un cadran : branché à la gratte, l’accordeur permet via la manipulation des fameux bitogneaux d’appliquer plutôt facilement les bonnes notes à chaque corde puisqu’une diode ou un trait digital viennent se mettre au centre de l’appareil quand tu parviens à trouver la fréquence convenable. Alors ça c’est bien, c’est pratique, on peut être con pour s’accorder donc c’est parfait pour nous, mais c’est tout de même pas très roots… Tes amis punks pourraient se foutre de ta gueule et il est hors de question de se discréditer de la sorte !
Donc pour être plus dans l’esprit il y a bien cette tonalité de la plupart des téléphones fixes, qui peut orienter dans la démarche en proposant un « la », mais de deux choses l’une : on a pas tous un téléphone fixe dans la poche quand on fait du punk rock ; avoir seulement le « la » exige de connaître un peu les autres notes pour les trouver à partir de « là », et ça ce n’est pas offert à tout premier punk venu…
Non, le moyen le plus probant est tout simplement de se faire accorder sa gratte par un pote qui soit juste un peu moins con que soi, mais surtout qui sache le faire et qui soit là quand tu as besoin de t’accorder. Tu vas me dire : « quand même Anoun, ça fait beaucoup de conditions ! », ce à quoi je rétorquerais : « Euh, oui, peut-être, mais merde, fais des efforts aussi, on devient pas punk rock star en claquant des doigts ! » (vlà dans ta gueule tiens !).
Bon, et puis si vraiment tu galères comme un porc, il reste la solution imparable à laquelle tous les plus grands ont eut recours un jour ou un autre (euh, les fois où ils étaient les plus bourrées et/ou drogués hein…) : ne pas s’accorder du tout ! En effet, ça donne un style à la fois brut, personnel et sacrément original, et de toute façon vu comment on est sensé buriner l’instrument, celui-ci se désaccorde tout le temps… Alors finalement, cela vaut-il vraiment bien la peine d’autant se faire chier ?
Allez, le temps de combiner les cordes à ton goût (et non de les passer à ton cou hein…) et de continuer à bosser, ça nous mènera au moins tranquillement à ma prochaine leçon, qui te permettra de faire parler le cœur tendre qui sommeille en toi.
Au programme du cours n° 5 : s’essayer aux arpèges.
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